A un moment pourtant, après des heures d'écoute nocturne et inféconde, Yunus perçut, alors que le jour allait poindre, non pas une rumeur mais une odeur inconnue, jamais respirée, jamais soupçonnée jusqu'alors. Un odeur à la fois intense et fragile, enivrante, comme une senteur d'embruns offerts à tous les vents, si étrange et si inattendue que Yunus se redressa et vacilla dans l'aurore brutale. C'était, il ne le savait pas encore, l'odeur de l'Immense.
Jacques Lacarrière, La poussière du monde
NiL Editions, 1997