Et l'on imagine ces vieux héros parcheminés et fourbus, assis dans des fauteuils au fond du désordre de la grande bibliothèque, leurs vieux visages que balafre la lumière des torches, leurs barbes blanches, leurs mains noueuses et tremblantes qui dessinent dans l'espace des pampas inconnues et des jungles pluvieuses, leurs bouches évoquent l'odeur de la vase et des chevaux morts entre leurs jambes, du fer rouillé, et les festins des cannibales au visage rayé de sang et de suie, aux chevelures ornées de plumes de perroquets.
Patrick Deville, Pura vida, vie et mort de William Walker
Seuil, 2004