Le route ne surplombe qu'une fois l'océan, et la brise marine fait faseyer les hautes herbes des collines. Puis c'est l'habituelle entrée dans une ville de trois ou quatre millions d'habitants à la tombée du jour, une entrée qui n'en finit pas, engluée dans la zone suburbaine, les chèvres, les dala-dala et les camions semi-remorques. Il y a de quoi s'assoupir. Et se réveiller en sursaut aux coups de klaxon, découvrir d'un coup la disparition du volant devant soi, comme de la pédale de frein sous son pied. Dieu et Toyota, en leur grande sagesse, et peut-être leur joint-venture, ont disposé tout cela sur le côté droit du véhicule, où veille Leonard.
Patrick Deville, Equatoria
Seuil, 2009